Le Wat Phrathap Doi Suthep, sur les hauteurs de Chiang Mai, dégage une atmosphère mystique, en cette fin de journée. Pourtant, des temples bouddhistes, nous en avons vu quelques-uns depuis la Mongolie! En fait, on n’a vu que ça ! Et même si les différences sont manifestes d’un pays à l’autre et même d’un Wat à l’autre, il serait légitime de penser que l’on se serait lassés. Eh bien, pas du tout! Et étonnamment, les enfants non plus.

Celui-ci sera le dernier en Thaïlande, car nous passons la frontière après-demain! Nous sommes dans la cour du Wat. La lune est venue s’accrocher au sommet du chédi doré, ajoutant du cosmique au spirituel!

Nous assistons, les pieds repliés sous les fesses, à une cérémonie bouddhiste à ciel ouvert. J’observe les personnes autour de nous, des Asiatiques ou des Occidentaux, ils tendent tous le visage (ou l’objectif) vers les moines vêtus des chatoyantes tuniques orangées. Il n’y a que cette jeune fille, non loin de nous, visiblement bien occupée à surfer sur le Net. L’attitude n’échappe pas à Apolline qui me fait aussitôt part de sa désapprobation. Comme moi, elle scrute. Je suis d’autant plus attentive à ce qui m’entoure que mon téléphone ( qui est aussi mon appareil-photo) est en train de recharger dans le camion. C’est Vincent, le photographe. Moi, je suis libre de vivre l’instant et de graver les détails dans ma mémoire.

Croyants ou non, tous respectent les traditions! Aurélien est le premier à nous rappeler qu’ « on ne pointe pas les pieds vers Bouddha »! Fidèle à lui-même, il doit trouver un sens à cette règle. Au cœur du silence, il me glisse à l’oreille:  » je sais pourquoi il ne faut pas pointer ses pieds vers Bouddha. C’est parce qu’ils sont sales, les pieds. Et les Bouddhas eux ils sont propres. » Pour appuyer ses dires, il désigne la rangée de bouddhas dorés qui s’alignent sur le mur face à nous. Je ne commente pas, de peur que, se sentant encouragé, il ne trouble le recueillement général par d’autres observations. Je me contente de hocher légèrement la tête.

Les moines rompent le silence. Que disent-ils? Pour les fidèles, le signal est clair et les gens se mettent à prier et à se prosterner.

En regardant sur ma droite, je vois, amusée, qu’Aurelien a les mains jointes et les yeux fermés. Il se prosterne aussi à intervalles irréguliers. Puis se remet à « prier ».

Je ne peux résister et je me penche vers lui:

– Qu’est-ce que tu es en train de faire?

Sans ouvrir les yeux, un sourire au coin des lèvres, il me répond:

– Je prie les moines pour que tu sois gentille aujourd’hui.

Sarcastique, je rétorque à voix basse:

– Ben alors, demande plutôt pour qu’ils t’aident à être gentil, toi! Ce sera plus efficace … car si tu es gentil, il y a des chances que je le sois aussi. Tu feras d’une pierre deux coups!

Il reste les mains jointes, immobile. Son sourire s’élargit. Après un temps, il conclut:

– Trop tard! J’ai déjà fait ma prière…

5 thoughts on “Le jour où Aurélien est devenu bouddhiste”

  1. hello les aventuriers, c’est un plaisir de suivre votre parcours, j’aurais du me cacher dans votre camion pour partir avec vous. profitez bien des mois qui viennent on vous souhaites encore beaucoup d’aventures merveilleuses
    maguy et franco

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